Pie Pelicane

posté le 21-05-2008 à 11:10:41

Décoder Da Vinci Code: Réponse à une imposture ésotérique (Part I)

Décoder Da Vinci Code

Réponse à une imposture ésotérique 

 

 PREFACE 

 

Au printemps 2003, les éditions Doubleday ont publié un roman de Dan Brown intitulé : The Da Vinci Code, publié en français sous le titre : Da Vinci Code, éditions Jean-Claude Lattès, 2004. Soutenu par une campagne de presse particulièrement intensive, le Da Vinci Code a démarré en fanfare et la version anglaise brochée s’est vendue à près d’un million d’exemplaires ; un film tiré de ce livre devrait être réalisé bientôt par Ron Howard (Apollo 13, Un homme d’exception).Les étagères de votre libraire habituel croulent sous les romans à suspense mais il semble que le Da Vinci Code ait quelque chose de différent : il alimente les discussions plus que ne l’ont jamais fait les romans de James Patterson ou de John Grisham. Pourquoi ? Pour ne rien cacher, il y a, à la base, une remarquable opération publicitaire. Il faut bien se rappeler que, à notre époque, si on fait beaucoup de « battage » autour d’un produit particulier, c’est, dans la plupart des cas, qu’une société s’est donné beaucoup de mal pour organiser ce « battage » – et c’est ce qu’ont fait les éditions Doubleday bien avant que ce livre sorte.Mais, bien sûr, il n’y a pas que cela. À partir du moment où les gens commencent à lire le Da Vinci Code, ils ne peuvent s’empêcher de se poser des questions à propos de certaines affirmations bizarres que Dan Brown avance dans son roman : 

Léonard de Vinci s’est-il vraiment servi de son art pour communiquer des connaissances secrètes à propos du Saint-Graal ?

Est-il vrai que les évangiles ne racontent pas la véritable histoire de Jésus ?

Jésus et Marie Madeleine étaient-ils mariés ?

Jésus a-t-il vraiment désigné Marie Madeleine comme chef de son mouvement, et non pas Pierre ? 

 

Ce qui semble intriguer les lecteurs, c’est que les personnages du Da Vinci Code ont des réponses à toutes ces questions ; et, dans le livre, ces réponses sont présentées comme étant fondées sur des faits et étayées par les travaux et les avis d’historiens et d’autres chercheurs. Dans son roman, Brown va même jusqu’à citer, comme références, des livres qui ont effectivement été publiés. Bien entendu, les lecteurs se demandent pourquoi ils n’ont jamais entendu parler de ces idées. Ils se demandent aussi – au cas où ce que Brown affirme serait vrai – quelles pourraient en être les implications pour leur foi. Après tout, si les évangiles sont des faux, le christianisme tout entier, tel que nous le connaissons, n’est-il pas un mensonge ? Le présent ouvrage vise essayer de mettre un peu d’ordre dans tout cela et à examiner la vérité que cache le Da Vinci Code. Nous allons considérer les sources auxquelles Brown s’est référé et voir si elles donnent un témoignage crédible de l’histoire. Nous allons voir si cet auteur présente avec exactitude les écrits des premiers chrétiens, leurs enseignements et leurs controverses – tous domaines sur lesquels les écrits abondent et ont été étudiés pendant des siècles par des gens intelligents et à l’esprit ouvert. Nous allons étudier les cas de Jésus et de Marie Madeleine – les deux personnages qui sont au cœur de ce roman – et voir s’il y a la moindre confirmation historique de ce que le Da Vinci Code raconte à leur propos. Et, ce faisant, nous allons découvrir un remarquable nombre d’erreurs, manifestes et flagrantes, sur des questions tant importantes que secondaires, qui devraient faire sérieusement réfléchir ceux qui pensent trouver dans ce roman une source de faits avérés et non de la fiction à l’état pur. D’un bout à l’autre, le Da Vinci Code nous laisse entendre que, peut-être, les choses ne sont pas telles qu’elles paraissent. Lisez ce livre sans idée préconçue : vous verrez à quel point c’est vrai.


MODE D’EMPLOI 

 

Pour lire avec profit le livre que vous avez entre les mains, il n’est pas nécessaire d’avoir lu le Da Vinci Code : nous allons vous présenter une synthèse détaillée de l’intrigue pour que vous puissiez comprendre les principaux problèmes que pose ce roman et en discuter en connaissance de cause. Dans Décoder Da Vinci, j’ai repris les questions le plus fréquemment posées par les lecteurs de ce roman, notamment dans les domaines théologique et historique. Tout au long de ce livre, des encadrés permettent de corriger et de clarifier beaucoup d’erreurs et inexactitudes de moindre importance contenues dans le Da Vinci Code.Ce livre s’adresse tant aux individus qu’à des groupes de discussion. À la fin de chaque chapitre sont présentés des éléments « pour en savoir plus » et « pour faire le point » ainsi que des questions « pour en discuter ». Aux prétentions particulières du Da Vinci Code s’oppose, dans le présent livre, un dessein plus élevé : en examinant de plus près ces prétentions, nous aurons l’occasion de revoir un certain nombre d’enseignements chrétiens de base à propos de l’identité et du ministère de Jésus, de l’histoire de l’Église primitive, du rôle des femmes dans la religion et de la relation entre la foi apostolique et notre foi aujourd’hui. Que vous ayez ou non lu le Da Vinci Code, j’espère que vous trouverez dans le présent ouvrage une occasion de mieux comprendre les racines historiques de la foi chrétienne authentique. 


INTRODUCTION 

 

Le Da Vinci Code comporte toute une série d’éléments susceptibles de retenir l’attention du lecteur : du suspense, des secrets, une énigme, l’ébauche d’une histoire d’amour et la suggestion selon laquelle le monde n’est pas tout à fait tel qu’il paraît, les « Autorités » ne voulant pas que vous connaissiez la Vérité Vraie. Au début du roman, Robert Langdon, professeur de « symbolique religieuse » (soit dit en passant, cette discipline n’existe pas) à l’université Harvard, en visite à Paris, est appelé au Louvre où un crime vient d’avoir lieu. Le conservateur, Jacques Saunière, distingué spécialiste du culte de la Grande Déesse et du « Féminin sacré », a été trouvé mort – probablement assassiné – dans l’une des galeries. Il semble que, avant sa mort, Saunières ait eu le temps de prendre, sur le sol, la position de L’homme de Vitruve, célèbre dessin de Léonard de Vinci qui représente un homme, bras et jambes écartés, inscrit dans un carré, lui-même inscrit dans un cercle ; il a également laissé d’autres indices, notamment des chiffres, des anagrammes et un pentacle, ce dernier tracé de son sang sur son propre corps. Rapidement, Sophie Neveu, cryptographe et aussi petite-fille de Saunière, arrive sur les lieux du crime. Son grand-père l’avait appelée peu de temps auparavant pour lui demander de venir le voir : il souhaitait se réconcilier avec elle et lui apprendre quelque chose d’important concernant sa famille. Sophie arrive à décrypter les indices laissés par son grand-père ; elle a avec Langdon plusieurs conversations sur le culte de la Grande Déesse, elle trouve un Indice Très Important que lui a laissé son grand-père, derrière un autre tableau de Vinci et… nous voilà embarqués.Qui a tué Saunière ? Quel était le secret dont il était le détenteur ? Que veut-il faire comprendre à Sophie ? Pourquoi un « moine » albinos de l’Opus Dei essaie-t-il de tuer tout le monde ? Le reste du roman, qui compte au total 571 pages, cent cinq chapitres mais qui, curieusement, se déroule en un peu plus d’une journée seulement, nous emmène dans différentes parties de l’Europe, avec Sophie et Langdon qui cherchent la réponse ; celle-ci est très simple.(Désolé de dévoiler la chute, mais c’est indispensable.)Saunière était le grand-maître d’une curieuse société secrète appelée le « Prieuré de Sion » qui avait pour mission de préserver la vérité à propos de Jésus, de Marie Madeleine et par extension, de toute la race humaine.Selon ce que le dit le livre, l’humanité, dès l’origine et pendant des millénaires, avait pratiqué une spiritualité fondée sur un équilibre entre le masculin et le féminin, dans laquelle on révérait les déesses et le pouvoir des femmes. C’était là tout l’objet de la mission de Jésus : il a vécu et prêché un message de paix, d’amour et d’unité de l’humanité et, pour incarner ce message, il a pris Marie Madeleine pour femme et lui a confié la direction de ce mouvement. Lorsqu’il fut crucifié, elle attendait un enfant de lui. Jaloux du rôle de Marie Madeleine, Pierre a pris la tête d’une partie du mouvement créé par Jésus avec pour idée d’étouffer le véritable enseignement de Jésus et de le remplacer par le sien, et de supplanter Marie Madeleine à la tête du mouvement. Marie Madeleine fut obligée de s’enfuir, elle se réfugia en France, où elle mourut. Elle et la fille de Jésus furent à l’origine de la lignée royale des Mérovingiens, les premiers rois de France ; et le véritable « Saint-Graal », c’est, non pas une coupe matérielle, mais Marie Madeleine elle-même, ainsi que le « Féminin sacré » dont elle est l’incarnation. 

 

Est-ce la famille royale des Mérovingiens qui a fondé Paris, comme le dit Brown ? (cf. Da Vinci Code p. 322). Loin de là ! Paris fut, à l’origine, fondée par la tribu celte gauloise des Parisii, au iiie siècle av. J.-C. On doit aux Mérovingiens d’avoir fait de Paris la capitale du royaume franc en 508 ap. J.-C.

Ainsi, cachée derrière tous les événements que nous lisons dans les livres d’histoire (lesquels sont écrits par les « vainqueurs », bien entendu !), la véritable histoire de ces deux derniers millénaires est celle de la lutte entre l’Église catholique (attention ! pas tout le christianisme : uniquement l’Église catholique) et le Prieuré de Sion. En fixant le canon des Écritures, par ses affirmations doctrinales et même par son attitude envers les femmes, l’Église s’est efforcée d’étouffer la vérité relative au Saint-Graal et, par extension, au « Féminin sacré », alors que les Templiers et le Prieuré de Sion s’efforçaient de protéger le Graal (les ossements de Marie Madeleine), sa lignée et le culte du « Féminin sacré ».Saunière était le gardien de ce savoir, un savoir que Léonard de Vinci, lui-même membre du Prieuré, avait incorporé dans ses œuvres. Pour Saunière, il s’agissait aussi d’une affaire personnelle : il appartenait à la « lignée royale » des Mérovingiens, et donc sa petite-fille aussi. Mais, bien entendu, Sophie n’en savait rien, et elle avait même pris ses distances par rapport à son grand-père, bien des années auparavant, lorsqu’elle avait pénétré par hasard dans une pièce secrète du château en Normandie qui était la résidence secondaire de Saunière, et vu son grand-père procéder à une sorte de rite sexuel extatique avec une femme pendant que, formant cercle autour d’eux, des spectateurs masqués psalmodiaient.Bien entendu, à la fin, nous comprenons que cette femme était la propre grand-mère de Sophie et que, ce qu’elle faisait avec Papi dans cette pièce, c’était simplement garder vivante cette foi. Nous apprenons aussi que le « Graal » – les reliques de Marie Madeleine et des documents attestant l’authenticité de la lignée – est enterré dans l’étincelante pyramide de verre conçue par l’architecte I. M. Pei, haute de 21 m, qui sert d’entrée au Musée du Louvre ; c’est là que, à la fin du roman, Langdon tombe à genoux et entend s’exprimer, pense-t-il, la sagesse immémoriale, sous la forme d’une voix féminine qui monte des entrailles de la terre.

Rien de nouveau sous le soleil

Dans une large mesure, les idées présentées dans le Da Vinci Code paraîtront nouvelles et pleines d’imagination ; pourtant, la vérité toute bête, c’est qu’il n’y a pas grand-chose de nouveau là-dedans.En fait, Brown s’est contenté de reprendre un certain nombre de courants spéculatifs, de racontars ésotériques et d’affabulations pseudo-historiques qui ont été publiés dans d’autres livres ; il les a mélangés pour en mettre le maximum dans son livre. Quand on connaît ces autres livres, il est en fait assez choquant de voir à quel point ce livre s’en est inspiré. Sur son site, Brown nous fournit une bibliographie, et il cite un certain nombre de ces ouvrages dans le livre lui-même. On peut, en gros, répartir ses sources en trois catégories : 

1) Sang sacré et Saint-Graal : la lignée royale.

Écrit par Michael Baigent, Richard Leigh et Henry Lincoln, ce livre a été publié en 1981 et il a servi de base à un programme télévisé de la British Broadcasting Corporation. Présenté comme un ouvrage factuel, il s’est attiré de nombreuses critiques : spéculations, hypothèses non fondées et documents frauduleux. Les auteurs de ce livre étaient, respectivement, un enseignant diplômé en psychologie, un romancier et un producteur de télévision. Dans le même genre, il y a eu aussi La révélation des Templiers : les gardiens secrets de la véritable identité du Christ, de Lynn Picknett et Clive Prince, spécialistes des phénomènes paranormaux, qui ont également publié The Mammoth Book of UFOs.Tout ce qui, dans le Da Vinci Code, concerne Jésus, Marie Madeleine, le Saint-Graal et le Prieuré de Sion est tiré de ces deux livres. 

 

2) Le « Féminin sacré ».

Depuis le xixe siècle, certains auteurs ont avancé des spéculations sur un âge perdu de la Grande Déesse au cours duquel on vénérait le « Féminin sacré » et qui a été remplacé par un patriarcat agressif. Ces dernières années, certains auteurs ont associé ce thème avec l’idée qu’ils se faisaient de Marie Madeleine. Une Américaine appelée Margaret Starbird a consacré plusieurs livres à cette croisade d’un genre particulier. La présentation que Brown fait de Marie Madeleine s’inspire largement de l’œuvre de Starbird, et en particulier de La femme au visage d’albâtre, dont Starbird dit elle-même qu’il s’agit d’un « ouvrage de fiction ». 

 

3) Le gnosticisme.

Comme nous le verrons plus loin, le « gnosticisme », ou la « gnose », était un système intellectuel et spirituel largement répandu dans le monde ancien. Il comporte de multiples facettes mais, en gros, la plupart des formes de pensée gnostique étaient d’ordre ésotérique (la véritable connaissance étant réservée à un petit nombre – en grec, le mot gnôsis signifie « connaissance ») et anti-matériel (elles considéraient le monde physique, et donc le corps, comme mauvais). Certains écrits des iie au viiie siècles nous sont parvenus qui, manifestement, tentent une synthèse entre la pensée gnostique et la pensée chrétienne. Les spécialistes en la matière ont des avis différents sur ces écrits mais, pour la plupart d’entre eux, ces textes sont nettement plus tardifs que les évangiles ; en outre, et ceci est important, ces textes ne s’écartent guère – sinon pas du tout – de ce que nous connaissons des véritables paroles et actes de Jésus. Brown n’en tient pas compte ; il préfère s’appuyer sur une toute petite minorité d’auteurs et d’autres non-spécialistes pour qui les écrits gnostiques reflètent véritablement la réalité du mouvement qui s’est constitué à l’origine autour de Jésus. C’est sur leurs travaux à eux que Brown fonde ses descriptions de ce que Jésus a « vraiment » enseigné.Ces sources devraient nous inspirer immédiatement une certaine méfiance. Dans sa bibliographie, on ne compte aucun ouvrage sérieux consacré à l’histoire du christianisme – pas un seul ouvrage de l’un des grands spécialistes du Nouveau Testament, non plus qu’aucun des ouvrages de référence habituels que sont censés utiliser tous ceux qui veulent étudier l’histoire de l’Église primitive. Parmi les sources relatives à l’histoire de la naissance du christianisme qu’il cite, Brown ne mentionne même pas le Nouveau Testament. Dans ses interviews, il prétend fréquemment que son livre vise en partie à faire redécouvrir l’histoire perdue, étouffée. Il aime affirmer que « l’histoire est écrite par les vainqueurs ». Cela signifie que, si l’on considère les événements historiques comme une épreuve de force, les vainqueurs sont ceux qui laissent des documents, et c’est leur version de l’histoire qui survit. Les sources qu’utilise Brown prétendent présenter cette « histoire perdue ». Bien entendu, il y a, dans cette façon de considérer l’histoire, un grain de vérité : il n’est jamais possible de présenter l’histoire tout à fait objectivement car les êtres humains ne sont jamais tout à fait objectifs. Nous voyons toujours les événements et les relations entre eux au travers du prisme de la perspective. Par exemple, tous les témoins d’un accident de voiture en présentent une version quelque peu différente.Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas eu d’accident. Si les témoins d’un accident ne sont parfois pas très sûr des circonstances exactes qui l’ont précédé, et si, bien entendu, la victime en donne certainement une version différente de celle du conducteur fautif, le fait est qu’il y a vraiment eu un accident et il ne fait pas de doute que, nonobstant les limitations des observateurs, il n’en existe pas moins une vérité objective sur les causes véritables de l’accident – aussi difficile soit-il de la découvrir.Cela vaut également pour les événements historiques. Il est vrai que, jusqu’à récemment encore, la conquête de l’Ouest américain, par exemple, était racontée dans la perspective des Européens – des « vainqueurs ». Ces dernières années, des spécialistes ont tenté de raconter l’autre face de l’histoire, telle que vue par les populations autochtones, dont le point de vue sur cette conquête est bien entendu différent. Il est indubitable que la conquête de l’Amérique du Nord par les Européens ne s’est pas déroulée exactement comme l’ont racontée les conquérants, comme la racontent les populations autochtones ou comme qui que ce soit est capable de la comprendre complètement. Il n’en reste pas moins qu’il y a eu, effectivement, une conquête, qui s’inspirait de certains motifs et qui a eu certaines conséquences ; ces motifs et ces conséquences, si nous disposons des informations appropriées, nous pouvons les percevoir – même si nous en donnons des interprétations différentes. Cependant, dans le Da Vinci Code, Brown prétend que « l’histoire est écrite par les gagnants » pour affirmer que toute l’histoire du christianisme, à commencer par Jésus lui-même, est un mensonge, qu’elle a été écrite par ceux qui avaient décidé d’étouffer le message « réel » de Jésus. Il ne s’agit pas ici de divergences d’interprétation de la vie et du message de Jésus : Brown s’en prend aux faits eux-mêmes. Selon lui, ce que racontent le Nouveau Testament et les témoignages écrits du christianisme primitif qui nous sont parvenus ne sont pas des présentations exactes de ce qui s’est véritablement passé. Dans le roman, Sir Leigh Teabing, présenté comme un historien, affirme de but en blanc que les « hérétiques » du christianisme primitif – ceux qui sont représentés par les écrits gnostiques que cite Brown – sont ceux qui sont restés fidèles à « l’histoire originelle de Jésus » (p. 293). Il s’agit là d’une grave accusation, qui va trop loin. Dans le cours du présent ouvrage, nous allons examiner ces affirmations plus en détail mais, au départ, il est important de définir clairement le cadre de la discussion afin que nous puissions voir ce qui est en jeu. Brown affirme que le mouvement que Jésus constituait avec ses disciples avait pour objectif de faire mieux prendre conscience du « Féminin sacré ». Il ajoute que, sous la direction et l’inspiration de Marie Madeleine, son mouvement s’est largement développé au cours des trois premiers siècles – jusqu’au jour où il fut brutalement réprimé par l’empereur Constantin.

Cette assertion ne repose sur rien. Elle est fausse.

Sans doute a-t-il existé une certaine diversité dans les premiers temps du christianisme ; sans doute y a-t-il eu d’intenses discussions sur la personne de Jésus et sur le sens de son message. Des témoignages écrits attestent bien, par ailleurs, que, dans certaines communautés, des femmes occupaient des postes importants au sein du christianisme – notamment les diaconesses – et que leur rôle a décru par la suite (pour être relancé dans des formes ultérieures du christianisme, soit dit en passant). Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que rien de tout cela – cette diversité, ces changements et ces évolutions que l’on constate dans l’histoire du christianisme primitif – ne s’est passé de la manière avancée dans le Da Vinci Code. Lorsque les premiers dirigeants chrétiens ont voulu affirmer la vérité de l’enseignement chrétien, ils n’ont pas pris pour critère le sexe ou le pouvoir. Ainsi qu’en attestent leurs propres écrits, pour autant qu’on prenne la peine de les lire, il s’agissait pour eux d’être fidèles à ce que Jésus avait fait et dit. Il est vrai que, à propos du christianisme primitif, il y a beaucoup de choses que nous ne connaissons pas ou dont nous ne sommes pas sûrs ; ce sont là des questions qui sont librement et publiquement discutées entre spécialistes sérieux depuis des années et parfois, même deux mille ans après les événements, nous découvrons de nouveaux éléments qui complètent le tableau que nous en avons. Cela dit, dans ces ouvrages sérieux, aucun spécialiste ne prend au sérieux l’idée selon laquelle la mission de Jésus se limitait à envoyer Marie Madeleine diffuser son message relatif au « Féminin sacré ». Aucune source crédible ne fait ne serait-ce qu’allusion à une telle hypothèse. Par contre, pour des spécialistes crédibles, la plupart des autres affirmations de Brown – depuis la nature du mythe du Graal jusqu’au Prieuré de Sion en passant par le rôle de la Grande Déesse dans le monde ancien – ne sont tout simplement pas confirmées par les témoignages dont nous disposons. Et, comme nous le verrons à mesure que nous avancerons dans ce roman, celui-ci abonde en prétentions et affirmations bizarres et curieuses de ce genre qui ne reposent sur rien. Depuis la géographie de Paris jusqu’à la vie de Léonard de Vinci lui-même, rien ne permet de considérer ce livre comme une source aussi peu fiable que ce soit dans aucun des domaines qu’il aborde, à l’exception, peut-être, de la cryptographie.  « Ce n’est qu’un roman ! Inutile d’en faire une histoire »

Le Da Vinci Code a provoqué bien des remous et, parallèlement, beaucoup appellent à ne pas le prendre au sérieux et à laisser retomber le soufflé ; je l’ai entendu dire bien des fois.Certains disent : « Ce n’est qu’un roman. Tout le monde sait bien que c’est de la fiction, une œuvre d’imagination. Pourquoi ne pas l’apprécier en le lisant à ce niveau ? »À vrai dire, pour plusieurs raisons, nous ne pouvons justement pas en rester à ce niveau. D’abord, on ne peut jamais dire : « Ce n’est qu’un roman ». La culture n’est jamais anodine : la culture communique toujours quelque chose. Nous devrions toujours nous intéresser à ce que contient la culture, à l’influence qu’elle exerce sur nous, qu’il s’agisse d’art plastique, de films, de musique ou de livres. Mais, plus spécifiquement encore, l’auteur de cet ouvrage particulier laisse entendre que, dans ce cas, c’est beaucoup plus qu’une simple œuvre d’imagination, et il encourage ses lecteurs à admettre comme avérées certaines de ses affirmations relatives à l’histoire. Depuis longtemps d’ailleurs – en fait, depuis les tout premiers temps du christianisme –, des auteurs ont mélangé les faits connus relatifs à l’histoire de Jésus avec des récits imaginaires, phénomène que l’on peut comparer à la tradition juive des midrashim. Par exemple, les légendes concernant la Sainte Famille abondent ; l’une d’elles, notamment, raconte que le romarin a acquis son odeur suave après que Marie eut étendu son manteau pour le faire sécher sur un buisson de romarin au cours de la Fuite en Égypte. Au long des siècles, l’art chrétien a donné d’innombrables détails intéressants et souvent éclairants qui ne se fondent en aucune manière sur les textes scripturaires ni sur la tradition chrétienne primitive. Par ailleurs, au cours de ces dernières décennies, certains romanciers ne se sont pas privés de s’inspirer de l’histoire de Jésus pour écrire leurs ouvrages : entre bien d’autres, nous citerons deux exemples bien connus : The Robe, de Lloyd C. Douglas et Le calice d’argent, de Thomas Costain ; soit dit en passant, le dernier nommé parle justement du Saint Graal.Les ouvrages de fiction historique sont un genre très apprécié du public. Pourtant, lorsqu’il écrit de la fiction historique, l’auteur conclut implicitement un pacte avec le lecteur : il lui assure que, si son roman contient des personnages imaginaires qui ont des activités imaginaires, le cadre historique est, lui, fondamentalement exact. En fait, beaucoup de gens aiment lire les romans de fiction historique parce que c’est une manière séduisante et agréable d’apprendre l’histoire. Pour ce qui est de la vérité historique, ils s’en remettent à l’honnêteté de l’auteur.Le Da Vinci Code est différent. Dans tous les autres exemples évoqués, tout le monde – de l’artiste au spectateur ou au lecteur – voit bien la différence entre les faits connus et les détails qui relèvent de l’imagination et admet par principe que, fondamentalement, l’auteur assume la responsabilité de raconter des choses sûres à propos de l’histoire ; c’est ce qu’on attend de lui. Dans le Da Vinci Code, les détails relevant de l’imaginaire et les fausses assertions historiques sont présentés comme des faits, comme l’aboutissement de sérieuses recherches historiques – ce qui n’est certainement pas le cas.Comme nous l’avons fait remarquer dans le chapitre précédent, Brown présente une très longue liste des ouvrages qu’il a consultés pour écrire ce roman ; si tous ces livres sont à tonalité historique, la plupart ne sont pas de vrais livres d’histoire. Au début de son livre, sous le titre : « Les faits », Brown donne une liste de faits qu’il reprend dans son récit. Il dit que l’Opus Dei et le Prieuré de Sion sont des organisations qui existent vraiment. Et il conclut : « Toutes les descriptions de monuments, d’œuvres d’art, de documents et de rituels secrets évoqués sont avérées. »Il est vrai qu’il ne mentionne pas explicitement, dans cette liste, les « affirmations sur les origines du christianisme », mais cela est implicite dans le terme de « documents ». Cela dit, ce qui est plus important, c’est que les affirmations de Brown sur les origines du christianisme sont placées dans la bouche de spécialistes – Langdon et Teabing en particulier – qui, souvent, citent des auteurs contemporains et accompagnent leurs affirmations d’expressions telles que : « Les historiens constatent avec étonnement… », « Heureusement pour les historiens… », et encore : « Des spécialistes patentés croient… ». Ces discussions ont pour fonction de communiquer au lecteur des idées tirées de Sang sacré et Saint-Graal, des livres de Margaret Starbird et d’autres encore, et de les transmettre d’une manière qui laisse entendre que ces affirmations sont fondées, acceptées par des « historiens » et des « spécialistes » du monde entier.En outre, dans ses interviews, Brown ne fait pas tellement mystère de sa méthode et de son but. Il a dit et répété qu’il est ravi de pouvoir faire connaître aux lecteurs ce qu’il a découvert parce qu’il veut participer à la rédaction de cette « histoire perdue ». En d’autres termes, dans ses interviews, Brown laisse entendre que, dans le Da Vinci Code, il ne fait, en partie, qu’enseigner un peu d’histoire :« Il y a deux mille ans, nous vivions dans un monde de dieux et de déesses. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde uniquement habité par des dieux. La plupart des cultures ont ôté aux femmes leur pouvoir spirituel. Dans ce roman, j’essaie de montrer comment et pourquoi ce changement s’est produit […] ainsi que les leçons que nous pourrions en tirer pour notre avenir » (www.danbrown.com).Le plus surprenant, c’est que beaucoup de lecteurs prennent ces théories pour des faits. Pour s’en persuader, il suffit de lire les réactions des lecteurs sur Amazon.com ou de parcourir les nombreuses recensions de ce livre parues dans les journaux. Peut-être avez-vous vous-même entendu ce genre de réactions dans votre entourage et votre famille, ce qui vous a d’ailleurs poussé, au départ, à lire ce livre.

Ainsi donc : non ! ce n’est pas « qu’un roman ».

Le Da Vinci Code prétend enseigner l’histoire dans le cadre d’une fiction. Considérons maintenant le plan de la leçon.

                                                                        A suivre ....
 


 
 
posté le 21-05-2008 à 10:10:53

Thérapie génique: Des espoirs pour soigner la cécité.

 

Thérapie génique: Des espoirs pour soigner la cécité.

Deux équipes de chercheurs viennent de tenter de traiter par thérapie génique des jeunes malvoyants atteints d'une amaurose congénitale de Leber, une affection responsable d'une cécité ou d'une malvoyance à la naissance et qui aboutit à une cécité totale vers 15 - 20 ans.

Rappelons que la thérapie génique consiste à implanter une copie d'un gène normal dans les cellules cibles du malade pour corriger l'anomalie.

Des chercheurs américains avaient déjà identifié les gènes en cause dans cette maladie avant de mener les premiers essais chez les animaux. Ils ont ensuite construit un adénovirus capable de transporter le gène normal au sein des cellules rétiniennes.

Trois malades américains ont bénéficié de l'injection de cet adénovirus. Selon l'article publié sur le site du New England Journal of Medicine, deux semaines après l'injection les 3 patients ont présenté une petite amélioration de la vue.

Une équipe anglaise a traité aussi trois patients de la même manière et a annoncé un progrès pour l'un d'entre eux. Leurs résultats n'ont pas encore été publiés.

 


 
 
 

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